Je suis son doudou. Un doudou géant. Un doudou qui parle et qui réconforte. Un de ceux qui arrive à porter, à soigner, à câliner, à remplir le réservoir d’amour. Un doudou avec des cheveux décoiffés la plupart du temps et les baskets pour plus de confort. Son doudou c’est moi, sa maman. Je m’appelle Valentine et je vous raconte mon histoire, « être un doudou ».
Tout a commencé à sa naissance
À la naissance, petit Damien était collé nuit et jour à moi : que ce soit pour le nourrir ou pour dormir, je pouvais tout juste me doucher ou manger un morceau qu’il me demandait. J’avais eu de la peine à le laisser de bras en bras pendant les visites, vue comme je l’avais vécu à la naissance de sa soeur, cette fois j’allais être une vraie maman louve.
#PetitDamien n’avait pas encore de doudou, juste un ou deux mini-langes dont je pensais (espérais secrètement) qu’ils pouvaient devenir son doudou. Ces mini-langes, je les utilisais pour l’allaiter, pour le porter, pendant les dodos et les régurgitations… bref j’en avais toujours un à portée de main. Au fur et à mesure, petit Damien (qui n’est finalement pas si petit), s’est installé dans notre lit. Il avait un mois et il dormait déjà avec nous, contre moi. Ainsi les nuits hachées aux 30 minutes ont diminué, ma fatigue un peu aussi. La journée, il était souvent porté en écharpe, régurgitations, remontées acides, coliques… il était bien là contre moi, et moi j’étais « libre » de mes mouvements pour m’occuper de l’aînée, ou du moins essayer, pour manger, pour les corvées ménagères. Si ce n’était pas l’écharpe, c’était les bras mais toujours contre moi.
Un doudou indésirable
Plusieurs doudous ont tenté de le réconforter, tous étaient imprégnés de mon odeur mais aucun faisaient l’affaire. En grandissant, il piquait celui de sa soeur, encore un espoir qui tomba à l’eau lorsque nous avons vu qu’il ne l’utilisait pas pour se consoler mais plutôt pour jouer ou le piétiner, pauvre doudou. Un fiasco. Ce qui nous sauve maintenant, c’est une deuxième sucette qu’il tient fort dans la main. Il a malgré tout un doudou que je place contre sa joue le soir.
L’attachement maternel, c’est donc ça ?
Maintenant je sais que mon petit garçon n’aimera aucun doudou car son doudou à lui c’est moi. Toujours là en cas de besoin. Des grands bras, des coussinets moelleux sur le torse, un cœur qui bat et une voix douce qui le rassure. Une contrariété, un bobo, un chagrin ? « Maman maman » dit-il… un câlin, les bras, des guiliguilis et des bisous esquimaux et c’est reparti. Bien que je sois une maman poule et heureuse que mon enfant m’aime autant, la situation me pèse, car souvent le besoin du doudou géant vient quand je ne suis pas forcément libre de tout mouvement… donc j’enfile mes gants d’élasti-girl, lui dans un bras ou dans le dos je continue mes activités.
Car finalement, le plus important c’est de remplir son réservoir d’amour
Pourquoi moi?
Je me pose mille questions, est-ce qu’il a ressenti la peur de le perdre lors des premiers mois de grossesse? Est-ce qu’il a senti mes angoisses après sa naissance ? L’ai-je trop porté en écharpe ? Trop allaité ? Suis-je trop dévouée ? … On peut aussi ajouter les questions et remarques des autres souvent culpabilisantes. Je n’ai pas de réponses et je ne pense pas en avoir un jour mais ce que je sais c’est que je ne regrette pas de l’avoir porté ni de l’avoir allaité à la demande, ni de ne pas l’avoir laissé pleurer, ni de l’avoir chouchouté.
Je serai toujours là
Après 10 mois à le bercer et à dormir contre moi, il s’est enfin apaisé. Mais le besoin reste, les nuits sont parfois courtes, les dodos se font aussi ensemble parfois, et je le berce encore parfois pour les siestes difficiles.
Maintenant il va chez grand-maman et à la crèche, sans son doudou géant mais avec son doudou jouet et ses sucettes. Les bras tendus et les larmes aux yeux, il voit sa maman-doudou partir et revenir le chercher et les émotions reviennent. J’ai confiance en lui. Lui mon petit garçon aux yeux bleus, il sait que son doudou géant sera toujours là pour lui …
Et vous ? Vivez-vous la même chose ? Racontez-moi tout !