Coucou tout le monde, nous espérons que vous allez bien !
Comme deuxième sujet d’article en lien avec la campagne cantonale L’Education donne de la Force, il nous paraissait important d’aborder la thématique des écrans. On ne peut plus s’en cacher, dans notre société hyper connectée, les écrans sont absolument partout et nous ne pouvons faire autrement que de composer avec eux . Mais comment faire pour bien faire avec ces engins qui attirent l’oeil des petits et des grands. La gestion des écrans, notamment auprès des enfants relève toujours nombres de questionnements pour nous, parents et amène également une forme de culpabilité. A quel âge ? Combien de temps ? Quel type d’écran? Quel danger réel?
Aujourd’hui, les professionnels de l’éducation avec qui nous collaborons répondent à vos questions et émettent quelques pistes.
Bonne lecture!
Les écrans
Qu’on le veuille ou non, les écrans se sont invités dans nos vies, que ce soit au travail, dans notre foyer ou dans nos relations sociales. Cette société connectée amène de nouveaux défis aux parents. Nous n’avons pas eu de « modèles » qui nous permettraient de développer de « bonnes pratiques » et c’est à nous, parents d’aujourd’hui de réfléchir afin de savoir comment vivre avec.
D’abord encensés comme étant des merveilles technologiques innovantes, les écrans ont ensuite été très diabolisés, ce qui amène aux parents beaucoup de culpabilité lorsqu’on « laisse » son enfant regarder un épisode de Pat Patrouille ou un film. Or, Serge Tisseron, psychiatre, docteur en psychologie, l’explique très bien dans ses différents ouvrages, le fait de démontrer les dangers d’un usage excessif d’écran est un premier pas, mais il ne suffit pas à résoudre toutes les difficultés des parents. En effet, comme il est ressorti de vos témoignages et autres retours, les enfants sont très en demande d’écrans et il est parfois difficile de trouver une bonne « règle ». Au lieu de diaboliser à tout prix les écrans et de culpabiliser le parent qui autorise son enfant à en utiliser, nous conseillons plutôt d’avoir des règles claires à donner à l’enfant. Serge Tisseron prend comme exemple l’hygiène alimentaire. Ainsi, il ne nous viendrait pas à l’idée de laisser une mousse au chocolat à tout heure, en tout temps, en libre-service à son enfant, car il ne sera pas « capable » de s’arrêter. Les écrans peuvent être rapidement « addictifs », et c’est à l’adulte de gérer le début et la fin du temps d’écran, car l’enfant, au niveau de son développement, ne peut pas y arriver seul. Les enfants (et même les ados !) ne sont pas capables de réguler eux-mêmes leur comportement et ils ont encore besoin de leurs parents pour les accompagner et leur servir de modèles.
Mais alors, quelle règle proposer ? Bien sûr, il y a la fameuse règle du 3-6-9-12 de Serge Tisseron, qui a été largement diffusée et qui donne des bonnes bases d’information. Il existe aussi la règle des 4 PAS qui nous semble peut-être plus facile à comprendre pour les enfants (pas d’écrans le matin, pas durant les repas, pas avant de s’endormir et pas dans la chambre de l’enfant). Mais finalement, comme pour toute « bonne pratique », ce qui nous semble le plus important de relever, c’est le fait que chaque parent puisse trouver sa manière de faire, ce qui convient, à lui et à ses enfants, pour lui permettre de se développer harmonieusement. Il est aussi important de savoir que ces « grandes règles » peuvent également être transgressées de temps en temps. Ainsi, il n’y aura pas d’écran le soir avant de s’endormir, mais il peut arriver qu’un samedi soir, les parents décident de faire une soirée en famille « cinéma » à la maison, et dans ce cas-là, ce sera un bon moment partagé tous ensemble. N’oublions pas également que nous sommes un modèle pour nos enfants. Si nous passons notre temps à être sur notre smartphone ou à laisser la télévision allumée comme « bruit de fond », il sera difficile pour l’enfant de se détacher de ce modèle et il sera d’autant plus tenté de demander régulièrement d’avoir lui aussi accès aux écrans.
Gestion des écrans pour les enfants : réponses à vos questions
Comment gérer les demande d’un enfant qui réclame beaucoup les écrans ?
Il peut être très fatigant pour le parent de répéter inlassablement les mêmes règles, mais malheureusement, le cerveau de l’enfant (selon son âge) n’est pas encore assez « mature » pour pouvoir intégrer la règle. Nous pourrions vous conseiller de donner une règle que vous aurez définie ensemble avec votre enfant, puis la dessiner ou l’imprimer et la coller quelque part. Si l’enfant veut son écran, il peut aller voir le dessin et se souvenir qu’il aura son écran au temps T. Il peut également être utile de lui expliquer pourquoi on ne lui laisse pas regarder la télé toute la journée, ce qui nous inquiète dans le fait qu’il soit très « accroché » à son écran.
Pas d’écran avant 3 ans chez nous.
Bravo. C’est en effet ce que préconise Serge Tisseron. Les écrans chez les tout-petits ne sont pas utiles. Ils n’accompagnent pas l’enfant dans son développement moteur, psychologique et langagier. Si on peut s’en passer, au moins avant 3 ans, c’est super ! Entre 0 et 3 ans, on parle de la période sensorimotrice. L’enfant a besoin d’explorer et découvrir son environnement avec tout son corps et tous ses sens : toucher, sentir, manipuler, bouger, etc. C’est la variété, la répétition et la richesse des expériences concrètes que l’enfant va faire avec son corps et en interaction avec son entourage qui vont avoir un impact sur son développement. Pour les tout-petits, les écrans sont encore trop abstraits et donnent des stimulations surchargées pour le cerveau qui est en pleine croissance. A cet âge, il est important qu’un enfant s’amuse et s’exerce avec de « vrais » jouets ou objets de son environnement : construire une tour avec des cubes, encastrer les pièces d’un puzzle, regarder un livre avec ses parents, faire une promenade ou jouer au parc, par exemple. Le maître mot de cette période : explorer, explorer et encore explorer avec tout son corps !
Est-ce que le fait de regarder la télé peut avoir un impact négatif sur le développement du langage ?
Ce n’est pas la télé en soi qui a un impact négatif mais c’est selon la quantité et l’âge de l’enfant. Oui, un usage excessif d’écran peut freiner le développement du langage. En effet, ce qui permet à l’enfant de développer son langage, c’est le fait d’être en interaction avec autrui. Or, l’écran continue son histoire « seul » et ne réagit pas aux interventions de l’enfant. Ainsi, proposer à son enfant de regarder la télévision dans une autre langue (pour qu’il apprenne l’anglais par exemple) n’a pas d’intérêt au niveau du langage. Trop d’écrans peut aussi avoir un impact sur d’autres types de difficultés autour de la concentration, du sommeil, de la motricité ou de la gestion des émotions.
Par contre, il se peut aussi qu’un enfant ait des difficultés langagières (bégaiement, troubles articulatoires, retard de langage), psychomotrices ou émotionnelles qui ne soient pas liés à sa consommation d’écran. Si vous êtes inquiets quant au développement de votre enfant, parlez-en à votre pédiatre ou contactez le CDTEA de votre lieu de domicile (si vous êtes habitez Valais) ou des thérapeutes indépendants (logopédiste, psychomotricien ou psychologue) pour prendre rendez-vous.
Le fait de ne pas respecter les âges indiqués pour certains films peut-il engendrer des comportements violents chez l’enfant ?
Oui. La limite d’âge est donnée car le cerveau d’un enfant est en constante maturation (jusqu’à 25 ans !). Ainsi, même si un enfant dira « ne pas avoir peur », son cerveau peut ne pas être prêt à voir certaines images violentes, ou ne pas comprendre certaines choses. Il y’a un risque que l’enfant remette en scène ce qu’il a vu afin de se décharger et d’y trouver un sens. Cela peut expliquer émergence de comportements violents. Si votre enfant a vu un film qui n’est pas adapté à son âge, il peut être intéressant d’en reparler avec lui et de lui poser quelques questions pour voir ce qu’il a compris, ce qu’il en a pensé, s’il pense que c’est possible que ça arrive aussi « dans la vraie vie ».
Y a-t-il un lien entre la consommation d’écrans et les difficultés scolaires ?
Comme nous l’avons dit pour les difficultés langagières, les difficultés scolaires peuvent être multifactorielles. Ainsi, il est difficile de dire s’il y a un lien direct. Cela dit, il est évident qu’un enfant qui consomme trop d’écrans aura le risque d’avoir moins de disponibilité psychique pour s’investir dans les apprentissages scolaires.
Quel serai le temps d’écran idéal par jour ?
Cela dépend de l’âge de l’enfant, et comme nous l’avons dit plus haut, cela dépend aussi du fonctionnement familial et de ce qui a été décidé. Les balises proposées par la campagne « 3-6-9-12 » sont les suivantes : 30 minutes à 3 ans, 1 heure à 6 ans. Plus de deux heures par jour, tout écran confondu est considéré comme excessif. Afin que l’enfant comprenne bien, on peut mettre un timer visuel, ou définir d’avance combien d’épisodes il pourra regarder par exemple.
Doit-on attendre que l’enfant réclame l’écran (télévision) ou faut-il lui proposer avant qu’il entre en 1H ?
Non, il n’est pas nécessaire de proposer à l’enfant de regarder la télévision avant l’entrée en 1H. Au contraire, comme expliqué plus haut, un enfant a besoin d’avoir du temps pour manipuler, bouger, échanger, inventer, jouer, interagir, rêver et ….tout cela, tout autant bien sans écran .
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