Il y a plusieurs semaines déjà, notre #princesselucie nous a fait une peur bleue (c’est le cas de le dire).
Un soir, il est 19h, je la pose sur la table à langer pour la mettre en pyjama. La petite cocotte se met alors dans une colère noire. Elle ne voulait pas être là, elle ne voulait pas être changée, elle voulait continuer à jouer avec son frère. Jusque là, rien d’anormal. Elle fait une crise de larmes comme elle nous en a déjà fait et comme le font tous les enfants. A la différence près que, cette fois-ci, elle pleure jusqu’à bloquer sa respiration et perdre le contact avec ce qui l’entoure. Elle fait ce qu’on appelle un spasme du sanglot. Le sanglot était d’une telle intensité qu’elle n’a pas repris son souffle, elle est devenue toute pâle puis cyanosée, ses membres se sont raidis et les yeux se sont révulsés. Pendants plusieurs interminables secondes, elle était « absente ». J’ai hurlé et appelé mon mari qui a accouru et qui n’a pas compris tout de suite, il l’a prise dans les bras, et elle a ensuite « repris connaissance » et s’est remise à pleurer (probablement de peur de voir sa maman complètement dépassée). J’étais totalement figée, je ne pouvais plus bouger, mon corps tout entier tremblait comme une feuille, et cela a duré plusieurs minutes (pour dire que je suis infirmière, eh bien là il n’y avait plus personne à part une maman terrifiée). Pour finir, j’ai littéralement fondu en larmes. Une peur, une angoisse même, celle de perdre son enfant. L’espace d’un instant, j’ai imaginé, j’ai cru qu’elle ne reviendrait pas. J’ai eu l’impression que mon bébé allait s’en aller devant moi.
Puis, après un téléphone aux urgences, un appel à une copine dont la petite fait ce genre d’épisodes, un SMS à une autre copine du métier pour demander des conseils et des mots rassurants de mon mari, je me suis enfin ressaisie. Il faut dire que, fidèle à elle-même, la petite pépette ne s’est pas laissée aller. A peine quelques minutes après la crise, elle courait dans l’appartement et buvait son biberon. OUF, rien de mieux pour nous tranquilliser.
Les pédiatres des urgences m’ont laissé le choix de consulter le soir-même ou d’attendre le lendemain pour aller chez le pédiatre. Au vu de l’état général de la mini et de mon expérience d’infirmière, nous avons tous décidés d’un commun accord que nous la surveillerions sur la nuit et que nous nous rendrions chez le pédiatre le matin. Ai-je eu tord? Je ne sais pas. Une chose est sûre, j’ai à peine fermé l’oeil de la nuit pour contrôler #princesselucie qui, une fois n’est pas coutume (oui, elle ne fait toujours pas les nuits…), a plutôt bien dormi. Au petit matin, rien n’était plus doux à nos oreilles que son appel pour se lever. Un deuxième OUF, elle va bien.
Le rendez-vous chez le pédiatre s’est bien passé. Rien d’anormal chez elle, les contrôles neuro et tout le reste étaient en ordre. Notre petite fille pleine de vie courait, grimpait, rigolait. Troisième OUF!
Comment tenter d’éviter une récidive?
Si l’on sait que notre demande pourrait susciter une frustration assez importante pour déclencher un énervement et des pleurs intenses chez l’enfant, nous essayons de « prendre des pincettes » et de ne pas agir de manière trop abrupte (bon c’est clair que ça dépend de notre humeur du moment aussi, parfois notre réaction dépasse nos pensées).
Si nous voyons que les pleurs sont insistants et augmentent un intensité, nous essayons de lui changer les idées, en lui faisant des bisous ou en lui montrant son doudou, ou quelque chose qu’elle apprécie. Le plus souvent ça marche.
Que faire si le spasme du sanglot se reproduit ?
- la mettre sur le côté (au cas où elle devrait vomir ou avoir un excès de salive qui pourrait risquer de l’étouffer)
- sécuriser l’environnement autour d’elle pour qu’elle ne se blesse pas
- ne rien lui mettre dans la bouche
- ne pas essayer de l’asperger d’eau
- garder son calme et, d’une fois le spasme terminé, la prendre dans les bras, la rassurer, lui parler,…
- être attentif à la durée de « retour à un état normal » (information que les médecins aiment savoir)
- avertir le pédiatre le jour même ou le lendemain pour qu’il soit au courant
- consulter les urgences au moindre doute (si l’enfant ne revient pas à son état normal, s’il a des faiblesses dans un des membres, s’il semble ne pas vous reconnaître, s’il ne fait plus ce qu’il a l’habitude de faire, ou simplement si vous-même êtes angoissée,…)
Et la suite?
Certains professionnels de la santé disent que les enfants utilisent ces spasmes pour arriver à leur fin. Comme une sorte de pouvoir. C’est-à-dire qu’ils savent très exactement qu’en faisant un épisode si impressionnant, ils vont stresser les parents ou les personnes qui les gardent, et que ceux-ci vont finalement céder et tout mettre en oeuvre pour les satisfaire, et éviter qu’ils ne pleurent au point d’arrêter de respirer. On conçoit donc ces bébés comme de sournois manipulateurs? Je ne peux me résoudre à accepter cette explication. Pour moi, c’est plutôt un trop-plein d’émotions, au moment présent, là tout de suite, que le petit n’arrive pas à gérer par lui-même. En plus, le spasme du sanglot ne survient pas uniquement dans les situations où l’enfant est contrarié et en colère. Cela peut être à cause d’une douleur importante ou inattendue (chute par exemple), ou d’une forte angoisse.
Par chance, nous n’avons pas (encore) eu droit à un nouvel épisode. A plusieurs reprise, je pense que c’était « limite », mais elle a réussi à se reprendre avant de refaire un malaise. Il faut dire que Lucie a son petit caractère bien trempé. On a à faire à une petite fille qui sait ce qu’elle se veut et qui bouillonne d’émotions qu’elle gère comme elle peut. Et parfois peut-être que justement, ces émotions la dépassent. A nous peut-être de l’accompagner au mieux pour éviter qu’elle ne se mette dans un tel état (cela ne veut pas dire céder à toutes ses envies et supprimer toutes les sources de contrariété, on est bien d’accord, nous continuons à vivre normalement. Il s’agit plutôt d’être diplomate quand la crise pourrait être proche). Nous apprendrons au fur et à mesure.
On touche du bois pour qu’une telle crise ne se reproduise pas. Et Dieu sait comme je vous trouve courageuses, vous les mamans dont les enfants font ça régulièrement. Vous devez avoir de sacrés nerfs. Les miens ont tout de suite lâché, j’en ai presque honte. Comme quoi, il est difficile de prédire nos réactions quand il s’agit de la chair de notre chair.
Des becs et à tout vite.