En collaboration avec la campagne cantonale l’Education donne de la force
Coucou tout le monde, nous espérons que vous allez bien avec les jours qui se rallongent et la belle saison qui fait enfin son apparition. Nous en tout cas cela nous met clairement en joie, même si les températures font encore pas mal le yoyo ^^.
2020 ! Quelle drôle d’année pour tous n’est-ce pas ? Ce qui est sûr, c’est qu’elle nous aura enseigné, aux petits comme aux grands, à vivre avec des situations imprévues, leur lot d’incertitudes et tout le stress que cela peut engendrer. Pfiouuuu, on s’en souviendra c’est sûr.
Nous venons vers vous aujourd’hui avec le troisième sujet d’article en lien avec la campagne cantonale l’Education donne de la Force qui traitera de la thématique des transitions. Un thème bien d’actualité.
Nous laissons la parole une fois de plus, aux divers professionnels de l’éducation avec qui nous collaborons pour vous parler de ce sujet qui devrait vous intéresser.
Les transitions…
Elles nous accompagnent tout au long de la vie et elles peuvent être source d’anxiété. Qui n’a pas ressenti une petite boule au ventre la veille d’un nouveau travail ou lors d’un déménagement ? Ces petits et grands « changements de vie » sont plus ou moins bien gérés par l’adulte qui essaiera de trouver ses propres solutions pour « soigner » ces transitions. Le cerveau humain apprécie la routine, il aime pouvoir anticiper et se projeter pour vivre plus sereinement. C’est donc tout naturel que les transitions peuvent être compliquées à vivre pour le jeune enfant, et c’est à nous, parents ou adultes, de l’accompagner pour que celles-ci se déroulent au mieux.
Lorsque nous vous avons laissé la parole à ce sujet, une maman déclarait que les transitions se passaient très bien dans sa famille, avant d’ajouter qu’elle « explique toujours à l’avance ». Elle met ici en avant un point important, à savoir le fait d’anticiper les transitions, d’essayer de créer des routines ou des rituels (avec ou sans supports visuels, par exemple en se référant à un agenda familial visuel) afin de faire diminuer l’anxiété potentielle de l’enfant. L’enfant sait à quoi s’attendre, il comprend ce qui est en train de se passer et il est donc rassuré. Il est important que l’enfant sache ce qui va venir « après ». On peut ainsi lui expliquer ce qui va se passer, et le lui rappeler 5 minutes avant de faire la transition (ex. tu te rappelles qu’on va à la crèche ? Alors quand tu as fini de te laver les dents, on va y aller). Par ailleurs, il peut être utile que la transition soit de courte durée. Nous avons tout.e.s en tête un soir où le « rituel du dodo » tend à se rallonger. En plus de l’histoire et du câlin, l’enfant réclame une chanson, puis un verre d’eau, puis une deuxième histoire. Le rituel devient si long qu’il ne s’agit presque plus d’une transition, mais plutôt d’une activité à part entière. Finalement, il convient d’être constant. Si un soir l’enfant a « droit » à 2 histoires + 1 chanson, il est légitime que le lendemain il s’attende à revivre le même rituel.
Pourtant, il y a toujours des imprévus et il est important que le parent sache réagir le plus sereinement possible si une transition ne se passe pas bien. Cela fait maintenant quelques articles que vous nous suivez, et vous savez bien qu’il n’existe pas de « recettes miracles » permettant de répondre à toutes les situations. Si c’est le cas, cela ne veut pas forcément dire que la transition n’avait pas été bien préparée ou qu’il faut tout remettre en question. C’est à force de répétition du même changement (ex. maison – crèche) que l’enfant va acquérir de l’expérience et que la transition sera de plus en plus fluide.
Comment gérer au mieux les transitions chez l’enfant : réponses à vos questions
Comment gérer l’ennui de l’autre parent dans une garde partagée et aussi la vie plus ou moins bien vécue d’un côté et de l’autre, sachant que les parents divorcés s’entendent au mieux ?
Dans votre situation, vous expliquez que vous continuez à entretenir de bonnes relations avec l’autre parent. Vous relevez un point important car dans une séparation ou un divorce, tout l’enjeu est de réussir à maintenir une bonne communication entre les deux parents pour continuer à échanger autour de l’éducation de vos enfants. On dit parfois qu’on ne « divorce » pas du parent de son enfant, mais bien de son mari ou de sa femme, il reste le couple parental. Vos enfants sentiront qu’ils sont votre priorité, à tous les deux. Ce n’est pas tout simple car cela demande parfois de laisser de côté certains sentiments personnels (colère, rancœur, etc.) pour faire passer les besoins de vos enfants en premier.
Il est courant que l’enfant exprime de l’ennui de papa lorsqu’il est chez maman et vice versa. Le changement de lieu de vie, de règles, de cadre et de routine n’est pas évident. A noter que les règles peuvent être différentes chez l’un et l’autre et que ce n’est pas grave pour l’enfant, il est capable de s’ajuster aux deux modèles. Concernant l’ennui, le premier point qu’il nous semble important de nommer, c’est de permettre à l’enfant d’exprimer légitimement son ennui sans que cela suscite des émotions négatives chez le parent présent, de pouvoir accueillir cette émotion et lui donner une place. Ce n’est en rien un rejet du parent accueillant, juste une expression du manque de ce qui a été auparavant.
Pour mieux vivre ces moments où vous vous retrouvez sans vos enfants, des petits échanges peuvent aider à garder le lien et à rompre l’ennui, autant du côté des enfants que de celui du parent. Par exemple, se mettre d’accord sur un appel téléphonique de l’enfant chaque soirée passée chez l’autre parent. Ou encore, s’entendre sur un message, une photo ou une vidéo, pour inscrire cette communication dans un petit rituel. Avec Whatsapp, par exemple, des petites photos, vidéos ou appels vidéos peuvent permettre de communiquer facilement. Vous pouvez aussi proposer à votre enfant un petit cahier qui circule entre ses deux lieux de vie et qui permette d’y écrire certaines activités/jeux, d’y faire un dessin ou d’y coller une photo. L’important est de voir ce qui convient à chaque parent, à leur(s) enfant(s) dans un rituel si possible accepté par tous.
Vous pouvez aussi proposer à votre enfant que chacun choisisse un petit objet « porte-bonheur » que vous pourriez vous échanger au moment du départ (un doudou, une écharpe ou vêtement qui contient votre odeur, une livre, une photo, etc.).
Comment faire pour rassurer l’enfant sans lui faire penser qu’il pourra être en difficulté (quand on sait que l’enfant risque de pleurer à la rentrée par exemple ou lors d’une es activités extra scolaires ?)
L’enfant, à force de répéter les mêmes actions, va gagner en autonomie et saura gérer au mieux les transitions qu’il aura à vivre. Si c’est possible, nous vous conseillons d’être le plus constant possible afin que la transition soit préparée. Il n’est pas nécessaire d’en parler pendant des jours, au risque comme vous le dites de le faire monter dans l’anxiété. Par contre, on peut par exemple en parler en utilisant un livre (ex. Petit ours brun va à l’école ou Max n’aime pas l’école etc.). On discute donc ensemble de l’histoire du livre ce qui nous permet de parler des transitions, puis la veille ou le jour même, on peut s’en servir. « Tu te souviens dans l’histoire ? Aujourd’hui c’est pareil pour toi, tu vas retourner à l’école. » On peut également dire à son enfant ce qu’on attend de lui et le rassurer sur le fait qu’il est capable de réussir. Exemple : « Tu te souviens la semaine dernière, tu as pleuré quand tu es allé à la piscine car c’était difficile pour toi que je parte. Demain on va y retourner alors c’est important pour moi que je t’explique comment ça va se passer. Je vais t’amener à la piscine, tu vas te changer et ensuite on se dira au revoir. Tu pourras choisir si on se fait un bisou ou un « check » et quand je viendrais te rechercher tu m’expliqueras comment c’était ».
Comment aider un enfant qui ne veut pas grandir à ne pas paniquer à l’idée que ses dents vont tomber un jour pour laisser place à des nouvelles ? (Syndrome Peter Pan)
On pourra par exemple jouer avec l’enfant sur cette situation avec des personnages qu’il affectionne (poupée, nounours, doudou, …). Le jeu permet parfois d’anticiper ou de créer de l’imaginaire dans le but de rassurer l’enfant. Avec l’aide de l’adulte, l’enfant peut devenir celui qui met des mots sur les sources d’anxiété et rassurer son personnage fétiche. Exemple : « Ah, je vois, tu as une dent qui bouge ou tu as perdu une dent ; mais c’est normal. Tu sais les dents que tu perds, elles sont tombées pour laisser la place aux nouvelles dents qui étaient dessous de pousser. Celles-ci sont les dents définitives que tu garderas pour toujours et qui sont plus solides. ». Lorsque la situation intervient réellement, c’est l’occasion de reparler de ce qui s’est passé pour son doudou et ce que l’enfant lui a dit.
On trouve des livres qui décrivent chacune des phases de développement de l’enfant. Lire en commun permet de voir que les peurs sont partagées par d’autres, que la transformation est normale et que les issues sont souvent heureuses.
On peut aussi essayer d’amener du positif dans cette situation qui le stresse en lui expliquant par exemple « Quand tu auras perdu ta dent, on fera une petite fête », en lui offrant un petit cadeau, en prévoyant un goûter spécial avec de jolies serviettes.
Il nous semble important que l’enfant puisse parler de ses peurs dans le fait de grandir et que cela puisse être discuté ensemble.
Lorsqu’un enfant a de la peine à parler de ses moments vécus à l’extérieur du cercle familial, comment l’aider à se confier ?
Il est fréquent que les enfants ne racontent pas grand-chose de ce qui s’est passé en dehors de la famille. On peut essayer de lui proposer des choix si on voit qu’il n’est pas bien (« tu t’es senti plutôt déçu ou triste ? »), ou entamer la discussion autour d’un dessin ou en balade. Les enfants ne sentent pas toujours confortable avec nos interrogatoires. On conseille aussi généralement de se confier aussi à son enfant (ex. « tu sais aujourd’hui au travail, j’étais en retard dans mes mails et ça m’a stressé. J’espère que ça ira mieux demain. Et toi, comment c’était ta journée ?). Comme l’enfant est dans l’imitation, on peut donc s’attendre à ce qu’il en fasse de même au fil du temps. On peut aussi instaurer des rituels autour du moment du repas par exemple ou au coucher, « raconte-moi le truc que tu as préféré aujourd’hui et le truc que tu as le moins aimé ». En polarisant la question, on lui permet d’explorer et d’exprimer les émotions contrastées. Il est aussi « normal » que l’enfant puisse vivre des moments sans ses parents à qui il se doit de tout dire, surtout si cela s’est bien passé.
Pour des enfants qui ont beaucoup de mal à s’exprimer spontanément, une astuce peut être de créer ensemble une météo des émotions avec curseur et de leur demander de montrer comment ils se sentent en rentrant de l’école par exemple et ce dont ils ont besoin permet parfois d’ouvrir la discussion. Par ailleurs, on peut aussi se dire que l’enfant saura nous solliciter lorsqu’il aura besoin de nous et l’autoriser à garder son jardin secret. Il peut être utile aussi de lui demander s’il connaît des « personnes ressources » à qui il peut expliquer ses problèmes éventuels (marraine, tonton, grand-maman etc.). Finalement ces petits « secrets » que l’enfant garde pour lui sont aussi des moments sans parent auquel il a droit pour grandir sans eux, c’est un premier pas vers l’autonomie affective.
Et voici un document qui reprend les repères temporels que l’enfant peut connaître (en général) selon son âge. Ce n’est bien sûr pas une règle, mais ça peut être utile pour se rendre compte de ce que l’enfant comprend vraiment de la notion du temps selon son âge. Télécharger le document « repères temporels »
Rendez-vous tout bientôt pour un dernier article dans le cadre de cette campagne sur l’éducation <3