Aujourd’hui je vous livre une petite part de ma vie. Je n’aime pas trop m’exposer mais je pense que cette fois c’est important, pour moi, pour ma famille qui me lit, pour mes collègues, pour vous. Pour que vous compreniez ce par quoi je suis passée. Cet article je l’ai écrit en février, je l’ai relu, remodelé, j’ai laissé les espaces-temps comme si nous étions en février pour ne pas dénaturer le texte que j’avais mis si longtemps à écrire. Aujourd’hui j’ose enfin le publier parce que cette part d’ombre est passée, même si elle fera toujours partie de moi.
Souffrir en silence, s’épuiser, exploser, burn-out.
J’ai été longtemps absente sur les réseaux sociaux et sur le blog en fin d’année passée. J’ai préféré tout débrancher juste un moment, un moment qui a duré plus longtemps que prévu. Aujourd’hui, j’aimerais te raconter ces dernières années et plus précisément ces deux derniers mois, qui ont été pour moi un trou noir duquel je vois petit à petit la sortie, la lumière, les couleurs. C’est l’histoire de mon épuisement. Mon burn-out.
Avant de commencer, j’aimerais préciser une chose, très importante. Que tu aies ou non des enfants, que tu travailles à 100%, à 20% ou pas du tout, que tu aies 1,2,3,4, ++ enfants, que tu aies tout pour être heureuse (une maison, un lit, de la nourriture, de l’eau courante…), que tu sois homme ou femme, tu peux être épuisé(e) à tel point que tu n’y arrives simplement plus, tu peux faire un épuisement ou un burn out.
Cet état, je l’apparente à un ouragan.
Un vent violent autour de moi et dans ma tête
Tout a commencé il y a bien trop longtemps: des cris, une nervosité incessante, une grossesse compliquée, un allaitement « pas comme je voulais », des nuits infernales, des sautes d’humeur, des angoisses, des disputes, des pleurs, une douleur aux bras, aux mains, un blocage du bras inexplicable médicalement parlant, des vertiges, des idées noires, des insomnies, un pétage de plombs, un besoin d’isolement fréquent, une envie de prendre la voiture et de partir, une assiette cassée, des oublis répétitifs, des nausées, aucun appétit. Je me vidais un petit peu plus chaque jour. Sans m’en rendre compte, mon corps m’envoyait des signaux d’alarme de plus en plus fréquemment, comme ce blocage du bras ou les insomnies ou encore ma nervosité ++, pour me dire MERDE VALENTINE ARRETE, ECOUTE-MOI ! STOP !
Les causes, je les avais sous les yeux, une énième crise pour un jouet, une énième tâche non accomplie, les réseaux sociaux, une journée de 24h seulement, l’éducation bienveillante, une énième dispute, des angoisses au travail, des pleurs en arrivant et en partant du travail, les enfants qui crient, une énième nuit à 3 à 4, des insomnies, aucun répit, la to do list qui s’allongeait, la boutique, le bordel constant à la maison, le blog, les gens, TOUS CES GENS, le téléphone, … des angoisses constantes, un stress de tous les côtés, TOUS.
— Et un jour j’ai dû tout mettre entre parenthèse, tout sauf moi. —
Le début de l’ouragan
Un matin, un de ces lundis matin difficiles comme tant d’autres, les enfants sont réveillés, trop tôt, une fois de plus, la fois de trop. Mon mari part travailler et moi je suis en mode automatique. J’essaie de me lever, j’y arrive, je me force tant bien que mal. De l’extérieur, j’ai l’impression d’avoir rampé jusqu’au salon pour m’affaler sur le canapé devant un dessin animé.
— Sacré dessins animés, vous m’avez sauvée tellement de fois et en même temps
toutes les études disent que… #latvcestpasbienpourlesenfants —
Depuis mon réveil, je ne cesse de me répéter que je n’en peux plus, je suis épuisée. Je pense «Comment je vais faire pour surmonter cette journée, aujourd’hui les enfants, demain le travail et mercredi enfin ma journée solo, puis jeudi le travail et vendredi les enfants et le week-end, ouuuf le week-end un peu de répit (ou pas). Je dois encore faire 1000 choses pour la boutique, le blog, la lessive, le ménage, le tri, le dîner et le souper. Je ne peux pas, je n’y arriverais pas.»
Après m’être réellement rendue compte que je ne pouvais pas bouger ni garder les yeux ouverts, que mes enfants voulaient que je joue avec eux, ils voulaient déjeuner, ils voulaient pleins de choses, trop de choses. Après 2h à lutter, je décide d’appeler à l’aide. J’appelle mon mari qui répond et me sauve. Je pleure encore, trop longtemps, il sera bientôt là et je pourrais me mettre entre parenthèses. A son arrivée, je m’endors 3h sans rien entendre, sans manger.
Puis le réveil a été brutal, les enfants me parlaient et je n’arrivais pas à répondre. Mon mari me parlait mais je n’étais pas vraiment là. J’ai du me rendre à l’évidence que me corps me disait STOP, que cette fois il fallait arrêter avant d’arriver au pire. J’étais épuisée, physiquement et émotionnellement. J’étais vide, je ne me voyais plus, je ne me reconnaissais plus, une transparence totale. J’étais en épuisement, en burn out, dans un trou, un cyclone, une tornade, seule.
— Personne ne peut comprendre ce que tu ressens,
ce que j’ai ressenti, à moins de l’avoir vécu. —
Personne ne l’a vu venir celle-là. La bête noire, ma bête noire. Elle s’est insinuée dans ma vie, dans ma tête tout doucement depuis tellement longtemps et au moment où je l’ai découverte elle m’a montrée de quoi elle était capable. Pire ? Pour moi c’était déjà trop, je ne veux pas goûter au pire.
— Un jour j’ai décidé de me sauver. —
( S.T.O.P )
Mon corps a dit stop. Le médecin a dit stop. J’ai eu un arrêt de travail, de boutique, de blog, de réseaux sociaux, de gestion ménagère et autres tâches. J’ai tout arrêté. J’ai été obligée pour ma santé, car la santé passe avant tout, car les enfants et mon mari passent avant tout et si moi je n’y suis pas à quoi ça sert de continuer et foutre en l’air la santé ?
J’ai dû faire garder les enfants un, deux jours de plus que d’habitude afin de respirer, de dormir, de me redessiner. Même si pendant ces journées interminables, je ne dormais pas, je restais là sur le canapé à regarder des séries pour éviter de penser, pour me vider la tête, Netflix était mon meilleur ami, mon allié. « -Qu’est-ce que tu as fait aujourd’hui? – Rien, j’ai regardé des séries. – Ah. » Le soir, j’étais « présente », mon corps était présent mais pas mon esprit, je faisais comme je pouvais. Les soupers ? C’était des pâtes ou café complet ou des pâtes encore, des trucs simples. Mon mari, cet homme formidable a pris le relais, le frigo est vide mais on a toujours des pâtes. Mais on s’en fout, les enfants aiment les pâtes et mon mari aussi ! C’était dur, vraiment. Dur pour une femme comme moi qui ne lâche jamais rien, qui en veut toujours plus, perfectionniste, de prendre conscience de ne pas être une super woman, une super maman invincible. Et d’ailleurs maintenant, j’ai compris une chose. Je ne peux pas être invincible, on ne peut pas être invincible car si tu y réfléchis, même Batman n’est pas invincible, il a eu des moments moins glorieux, et alors ? Il restera toujours Batman, le sauveur de méchants ! Et nous, nous resterons toujours des super woman, des supers mamans même si parfois on doit lâcher, pour survivre. Comment tu veux penser aux autres si tu ne penses pas d’abord à toi ? Lors de difficultés de vol, les instructions sont clairs, tu mets d’abord ton masque et après celui de ton enfant. Oui dit comme ça c’est trash mais finalement…
— Si toi tu ne respires plus qui s’occupera de ton enfant ? —
Malgré tout, j’ai été plus forte que ce burn-out, cet ouragan !
Panique générale, culpabilité, colère, tristesse, honte, peur, … « Qu’est-ce qu’elle se plaint elle ? Elle a un travail, une famille en bonne santé, un lit, un blog et encore une boutique ! Elle a des enfants, elle n’a que 2 enfants, et en plus elle a ses parents et ses beaux-parents pour l’aider en cas de pépins, elle a un jour off, rien qu’à elle… »
La honte, la culpabilité, la peur de s’entendre dire ça, que les gens pensent ça, parce que peut-être au plus profond de moi, je le pense aussi… ?
Ces premiers sentiments qui surgissent d’un coup comme ça et qui sont difficiles à calmer et à dompter pour enfin arriver à la case « acceptation » et bifurquer vers le chemin de la guérison. Je sais maintenant que ces sentiments ne peuvent pas s’effacer car il reviennent dans les moments de fragilité mais ils peuvent être domptés à force. Ils doivent être domptés, il y a pas moyen, je ne veux plus les voir eux.
Mettre des mots sur…
Il a fallu le dire, au travail, à la famille, aux proches et c’est tout. Le dire c’est compliqué parce que quand tu le dis à voix haute ou par message, ça devient réel. Le dire, ça a été dur, j’avais honte, j’avais peur, j’avais pas envie de répondre à 1000 questions » pourquoi, raconte, comment » etc..). «Qu’est-ce que les gens vont penser ? Comment je vais faire pour le travail, j’ai plein de projets en cours. Tout le monde va le savoir, c’est la honte. J’aurais une étiquette, etc… » Oui je suis un peu parano sur les bords.
Et pourtant le dire a été plutôt libérateur, car ça m’a permis d’en prendre conscience et de mettre une sorte de barrière autour de moi afin qu’on me laisse tranquille pour guérir et me remettre debout en affrontant les obstacles. Le dire à haute voix : Salut je suis en plein burn-out. Salut je suis en plein épuisement. Au final, je ne sais toujours pas si c’était un burn-out professionnel ou maternel. Je pense les deux.
La culpabilité, cette saloperie qui te bouffe
Hé oui. Quand tu es obligé de laisser tes enfants 2 jours de plus, et que ça fait 5/7 jours de garde, que tu les vois le soir et qu’ils te demandent mais que tu n’arrives simplement plus suivre, tu culpabilises. Parce que tu les as voulu tes gosses et tu peux pas t’en occuper. What’s the fuck? Tu n’arrives plus à te réjouir de leur joie, tu n’arrives plus à jouer avec eux ou à leur lire une histoire. Ils pleurent et tu as juste envie de te cacher sous le duvet. C’est plus fort que toi. C’est moche. Alors, ma chère culpabilité, tu as été tenace mais j’ai été plus forte que toi. J’ai réussi à t’évincer, en tout cas pour un petit moment.
— Ne laisse jamais personne te juger, jamais personne te culpabiliser. —
Respire et recharge les batteries
Puis finalement, j’ai avancé, je me suis arrêtée un instant et j’ai respiré, j’ai rien fait (au sens littéral du terme), car même si j’avais « envie » de faire du yoga, de lire, de peindre. Je n’y arrivais pas, mon corps ne suivait pas. Donc j’ai lâché prise. Pour une fois je me suis fais confiance, je me suis écoutée. Je ne m’obligeais pas à faire les choses. J’ai été marcher, j’ai écrit, j’ai acheté mon tapis de salon, j’ai dormi, j’ai lu, j’ai parlé, j’ai bu des cafés seule et je me suis aussi tue, j’ai écouté de la musique, j’ai pleuré, j’ai réfléchi. Souvent je me dépassais, j’étais euphorique tellement ça allait bien puis soudain tout tombait d’un coup, alors je m’arrêtais et je m’attendais, tu sais comme tu attends un enfant qui arrive pas à marcher autant vite que toi car il a de petites jambes… j’étais des deux côtés. Une pointe stressée parfois je l’avoue mais souvent je m’attendais patiemment. Il y a eu aussi les nouveaux sentiments, une renaissance, des ajustements à faire dans ma vie, la prise de conscience qu’avant c’était trop.
— Ce burn out a été pour moi dévastateur mais aussi libérateur. —
Et lui… cet homme formidable, mon amoureux
Lui qui a subi mes sautes d’humeur, mes colères, mes pleurs.
Lui qui m’a consolée tellement de fois.
Lui qui m’a laissé de l’espace.
Lui qui s’occupe des enfants.
Lui qui un jour a décidé de repasser les 3 paniers pleins à craquer.
Lui qui a géré pendant tout ce temps, seul.
Lui qui me laisse dormir le matin malgré sa fatigue.
Lui qui m’écoute, qui s’excuse, qui me conseille, qui m’aide.
Lui qui explique aux enfant que maman est fatiguée.
Lui qui me prend dans ses bras pour charger mes batteries.
Lui qui malgré tout, est toujours là.
Lui qui me regarde avec ses yeux bleus, sans jugement, sans colère.
Simplement lui. Il est énorme, Il est un monde, le mien et je ne pourrai plus m’en passer. Lui.
Ma renaissance
En tout mon arrêt a duré 2 mois, j’ai repris le travail doucement après, le blog et la boutique en dernier. Ce burn-out m’a changée. Je suis redevenue la Valentine que j’étais avant. J’ai pris des décisions, pour mon bien à moi mais aussi celui de ma famille. Je me suis trouvée une nouvelle passion, de nouveaux objectifs, j’ai recommencé à cuisiner, à prendre du plaisir à jouer avec les enfants, à prendre du plaisir à ne rien faire, à me détacher des choses qui m’obsédaient, j’arrive maintenant à calmer mes angoisses, à gérer mon stress. Avant les angoisses étaient présentes tous les jours, des angoisses à en perdre la respiration, flippant, peu à peu elles se sont dissipées. Je dois faire attention à moi, écouter mon corps mettre en place des choses pour m’aider à évacuer les angoisses et le stress. J’essaie de vivre au présent, de ne penser qu’au présent, pas toujours facile je l’avoue, c’est tout un art.
Maintenant je peux dire que je suis « guérie ». Mais on ne guérit pas si vite, il faut du temps, de la patience, il faut plusieurs années pour vivre « avec », pour s’ajuster. Je pense que je ne serai plus jamais la même, cet ouragan fait partie de moi, de ma vie. Mais ce que c’est bon de revivre !!
— La vie est faites de petits bonheurs. —
Cet article est un peu long, mais c’était difficile de tout condenser pour expliquer réellement ce que ça fait, ce que tu peux éprouver dans ces cas-là. J’espère qu’avec cet article tu seras plus attentive à toi, que tu sauras détecter les facteurs-clé… J’espère que tu n’auras jamais à vivre cette expérience.
N’hésitez pas à partager votre ressenti, vos expériences ici, ou encore par mail.
Amour sur vous !